Lorsque quelqu’un·e me demande d’écrire sa biographie, je commence par l’écouter. La rencontre est le premier pas, le plus essentiel. L’écriture n’existe que par cette attention bienveillante et totale qui permet à l’auteur·ice de se raconter.
Chaque rencontre se transforme en pages redonnant vie aux souvenirs partagés. Elles ne suivent pas toujours un ordre chronologique. Les souvenirs n’obéissent pas aux règles du temps et surgissent souvent quand bon leur semble. Alors on reprend un épisode que l’on avait raconté lors de la première rencontre et qui revient à la troisième ou la sixième, riche d’un nouveau détail, d’une nouvelle image. Et, petit à petit, de rencontre en rencontre, la biographie se construit, existe.
Bien sûr il y a l’enregistrement de la voix. Bien pratique. Une fois lancé, on l’oublie et le récit se déroule sans interruptions. Avant d’écrire, j’écoute la voix que ma plume va transcrire et la solitude de mon bureau accueille cette nouvelle présence, nécessaire.
La lecture des pages déjà rédigées est un nouveau moment de partage. Je veux être sûre que j’ai bien saisi, que je n’ai pas trahi. Que la voix que l’on entend dans la biographie est bien celle qui parle. Je me compare parfois à une comédienne qui se glisse dans la peau de son personnage. Pour que la biographie sonne juste, je dois m’oublier, faire taire ma propre voix et laisser toute sa place à l’authenticité du récit.
Puis vient le moment de la composition de l’ouvrage. On parle de format de livre, de nombre de pages, d’illustrations, de couverture. Comme je m’y connais un peu en composition, j’essaie de faire la plus grande partie moi-même avant de déléguer les aspects les plus insupportablement techniques à l’imprimerie.
Du premier rendez-vous à la remise de l’ouvrage, le plus souvent en main propre, je savoure chaque étape de ce chemin, chaque fois nouveau, chaque fois unique.
Unique, comme chacune des vies que je raconte